vendredi 31 mai 2013

Second extrait


Los Medanos de Coro et autres joyeusetés




Après 3 bonnes heures de bus nous arrivons, de nuit, à Coro. Première étape terrestre. Un taxi nous emmène dans la vieille ville où nous avions repéré depuis la France une posada ( maison mi chambres d'hôtes mi hôtel) tenue par un couple franco-vénézuelien. Pourquoi ce choix? Tout simplement parce qu'il nous a semblé intéressant de débuter vraiment le voyage en écoutant les réflexions de personnes dont l'une est de ce pays et l'autre là seulement depuis une douzaine d'années environ.
           Las, la posada n'accueille plus de voyageurs de passage depuis plusieurs années (merci Lonely planet). Heureusement le gars nous indique celle d'une bonne connaissance à lui, à quelques centaines de pas de là.
Ouf, il y a de la place. Et curieusement, cette posada là est aussi tenue par un couple vénézuelo-français!

                Eric et Nella. Posada El Gallo. En voilà une bonne adresse! Le bon accueil, la chambre idéale pour se remettre de ses émotions maritimes et repartir d'un bon pied. Et puis, pour peu que vous leur demandiez des renseignements sur le pays ils sont intarissables.

               Quatre jours à tenter de s'adapter à la chaleur énorme de ces jours là. Heureusement un thermomètre/baromètre nous persuade de la réalité des choses...42 degrés à l'ombre et 94% d'humidité...Résultat on ne sort qu'entre 6h30 et 10h le matin et à partir de 16h l'après midi. Et encore, chapeautés et tartinés de crème solaire.
Mais la ville est une découverte de ce monde vénézuelien caraïbe. Ville aux vieilles maisons du quartier colonial, murs peints en leçons de pédagogie illustrée, modernité aussi, avec ses rues encombrées de voitures si anciennes et rafistolées qu'elle évoquent irrésistiblement Cuba. Et cette pollution qui nous prend à la gorge.
            Nous faisons ample provision de fruits goûteux aux marchés en plein air dans les quartiers populaires et on remarque dans les rues ce qui demeure de la vieille implantation «turque» en Amérique du sud. A voir les «zapaterias Hussein», les Ali ou Omar comme prénoms des marchands je me souviens du beau livre de cet auteur qui me régale toujours, Jorge Amado, «La découverte de l'Amérique par les turcs»...Une façon de parler de cette arrivée d'autres peuples sur cette terre.

Beaucoup de bouts de discute avec des inconnus, aimables et serviables. Souvent les même questions, le Vénézuela, Chavez, comment trouvez-vous... A ce stade de notre voyage nous sommes ravis de connaître leur opinion qui enrichit la nôtre et nous permet de nous dégager des affirmations péremptoires de l'occident . Rares étrangers dans les rues même si la région de Coro est assez touristique avec la péninsule de Paraguana et les Médanos de Coro. Il est vrai que nous ne fréquentons pas les même lieux que les touristes « voyage-tout-compris » pour qui ce pays se résume aux Tepuis, au Salto del Angel et aux plages idylliques de la Caraïbe.

la suite aussi dans le livre
Comme promis voici donc des extraits du livre à propos de notre voyage au Vénézuela. Son titre:
                Vénézuela, rencontres et regards

Le domaine de la peur ou D comme Dictature et Danger



                Déjà, l'ami X nous avait mis en garde. «Je regrette de le dire mais mon pays est un pays dangereux».
    Quand Dushi avait raccroché, elle en était éberluée.
Pourtant nous ne sommes pas novices. Le voyage sac à dos en autonomie nous est familier et dans nos quotidiens nous savons éviter de nous trouver dans des situations à risque.
                 A Paris, avant de prendre l'avion, la vénézuelienne rencontrée à Paris, avec qui nous avions convenu d'échanger des euros contre des bolivars, a amplifié notre appréhension du pays. Ajoutés à cela, les commentaires alarmistes des guides de voyage, des médias et des forums divers, nous étions quelque peu inquiets quand nous avons pris pied à l'aéroport !

Le portrait de Chavez nous attendait dans le hall d'arrivée. Immense. Tout de suite nous savions où nous étions. La Révolution Bolivarienne pour le peuple et par le peuple!
Dans le hall de sortie nous avons cherché le panneau brandi par la cousine de X, qui devait nous attendre avec un taxi prêt à nous emmener à notre hôtel.
Il était convenu que nous aurions le même écriteau à brandir, afin, nous avait-elle dit au téléphone, d'éviter les risques de confusions voire de tromperie volontaire pour nous dépouiller...Vigilants, et quelque peu sous tension, nous nous sommes tout de même retrouvés dans la foule dense et de suite la chape de peur nous a chargé les épaules.
Vite, il fallait aller vite ! Suivre le taxiteur qui déjà avait saisi le sac à dos de Dushi et galopait vers la sortie. Quant à la cousine, elle jetait des regards méfiants sur le monde qui l'entourait en nous pressant encore.
Tout de même, dans le véhicule elle se détendit un peu.
          Notre inquiétude cédait face à la curiosité, la joie immense d'être là. Mais en même temps nous nous sentions devenir éponges, inondés par ses vagues de peur, d'angoisse.
-Ne prenez pas de bus mais des taxis officiels, ne sortez pas dans la rue avec des sacs ni les appareils photos, n'allez pas où il y a trop de monde, ni dans les endroits déserts...
etc etc.

             A l'hôtel de Macuto, après la surprise du tarif si différent -en supérieur-de celui indiqué dans les guides (de 2012), nous l'avons vu repartir avec son taxi -elle l'avait affrété spécialement)- avec soulagement.
Pour nous deux, l'envie de se poser, de prendre pied dans cette nouvelle réalité que nous allions découvrir deux mois durant nous émerveillait déjà.
La chambre était simple et agréable mais la chaleur telle, en ce mois de novembre, que la clim (que par réflexion nous refusions en Europe) nous apparaissait, là, indispensable! Le thermomètre passait les 40 degrés!
A peine les affaires sorties des sacs, la première préoccupation, impulsée par ces peurs dont nous étions imprégnés, fut de savoir où cacher l'argent liquide.
Quelle imagination débordante on peut avoir alors pour planquer ses sous!
Nous avons tout essayé: sous le matelas (classique), derrière la télé perchée sur un pilotis, dans la tuyauterie de la salle de bain etc etc.
Ça a duré deux jours...

            L'hôtel Plazamar, sur la placette aux palombières colorées, nous invitait à la découverte. Le Paseo Playa, à quelques pas, s'est immédiatement révélé l'endroit idéal où se poser pour rentrer dans l'ambiance. Entre les vieux hôtels, parfois décatis, les restaurants, les services sociaux et de l'autre bord les cabanons où l'on servait à manger à toute heure du jour, tout un monde vivait là le plus clair de son temps.
Des vieux et des jeunes, à l'ombre des arcades, jouaient aux cartes ou aux dominos, buvant des bières -trop douces à notre gré- tandis que les tranquilles de la vie passaient les heures à la plage à regarder les baigneuses et les baigneurs.
Les pêcheurs revenaient avec des poissons déchargés sur les épaules, vendus parfois sur place. Les minots jouaient comme partout à s'éclabousser tandis que les mères, les femmes (souvent mafflues et fessues autant que les hommes pouvaient être ventrus), se tartinaient allègrement de crèmes solaires ou à bronzer.
             Côté couleur, c'était un plaisir des yeux et du cœur. 
(suite de ce chapitre...dans le livre à paraître dans l'été )