vendredi 31 mai 2013

Comme promis voici donc des extraits du livre à propos de notre voyage au Vénézuela. Son titre:
                Vénézuela, rencontres et regards

Le domaine de la peur ou D comme Dictature et Danger



                Déjà, l'ami X nous avait mis en garde. «Je regrette de le dire mais mon pays est un pays dangereux».
    Quand Dushi avait raccroché, elle en était éberluée.
Pourtant nous ne sommes pas novices. Le voyage sac à dos en autonomie nous est familier et dans nos quotidiens nous savons éviter de nous trouver dans des situations à risque.
                 A Paris, avant de prendre l'avion, la vénézuelienne rencontrée à Paris, avec qui nous avions convenu d'échanger des euros contre des bolivars, a amplifié notre appréhension du pays. Ajoutés à cela, les commentaires alarmistes des guides de voyage, des médias et des forums divers, nous étions quelque peu inquiets quand nous avons pris pied à l'aéroport !

Le portrait de Chavez nous attendait dans le hall d'arrivée. Immense. Tout de suite nous savions où nous étions. La Révolution Bolivarienne pour le peuple et par le peuple!
Dans le hall de sortie nous avons cherché le panneau brandi par la cousine de X, qui devait nous attendre avec un taxi prêt à nous emmener à notre hôtel.
Il était convenu que nous aurions le même écriteau à brandir, afin, nous avait-elle dit au téléphone, d'éviter les risques de confusions voire de tromperie volontaire pour nous dépouiller...Vigilants, et quelque peu sous tension, nous nous sommes tout de même retrouvés dans la foule dense et de suite la chape de peur nous a chargé les épaules.
Vite, il fallait aller vite ! Suivre le taxiteur qui déjà avait saisi le sac à dos de Dushi et galopait vers la sortie. Quant à la cousine, elle jetait des regards méfiants sur le monde qui l'entourait en nous pressant encore.
Tout de même, dans le véhicule elle se détendit un peu.
          Notre inquiétude cédait face à la curiosité, la joie immense d'être là. Mais en même temps nous nous sentions devenir éponges, inondés par ses vagues de peur, d'angoisse.
-Ne prenez pas de bus mais des taxis officiels, ne sortez pas dans la rue avec des sacs ni les appareils photos, n'allez pas où il y a trop de monde, ni dans les endroits déserts...
etc etc.

             A l'hôtel de Macuto, après la surprise du tarif si différent -en supérieur-de celui indiqué dans les guides (de 2012), nous l'avons vu repartir avec son taxi -elle l'avait affrété spécialement)- avec soulagement.
Pour nous deux, l'envie de se poser, de prendre pied dans cette nouvelle réalité que nous allions découvrir deux mois durant nous émerveillait déjà.
La chambre était simple et agréable mais la chaleur telle, en ce mois de novembre, que la clim (que par réflexion nous refusions en Europe) nous apparaissait, là, indispensable! Le thermomètre passait les 40 degrés!
A peine les affaires sorties des sacs, la première préoccupation, impulsée par ces peurs dont nous étions imprégnés, fut de savoir où cacher l'argent liquide.
Quelle imagination débordante on peut avoir alors pour planquer ses sous!
Nous avons tout essayé: sous le matelas (classique), derrière la télé perchée sur un pilotis, dans la tuyauterie de la salle de bain etc etc.
Ça a duré deux jours...

            L'hôtel Plazamar, sur la placette aux palombières colorées, nous invitait à la découverte. Le Paseo Playa, à quelques pas, s'est immédiatement révélé l'endroit idéal où se poser pour rentrer dans l'ambiance. Entre les vieux hôtels, parfois décatis, les restaurants, les services sociaux et de l'autre bord les cabanons où l'on servait à manger à toute heure du jour, tout un monde vivait là le plus clair de son temps.
Des vieux et des jeunes, à l'ombre des arcades, jouaient aux cartes ou aux dominos, buvant des bières -trop douces à notre gré- tandis que les tranquilles de la vie passaient les heures à la plage à regarder les baigneuses et les baigneurs.
Les pêcheurs revenaient avec des poissons déchargés sur les épaules, vendus parfois sur place. Les minots jouaient comme partout à s'éclabousser tandis que les mères, les femmes (souvent mafflues et fessues autant que les hommes pouvaient être ventrus), se tartinaient allègrement de crèmes solaires ou à bronzer.
             Côté couleur, c'était un plaisir des yeux et du cœur. 
(suite de ce chapitre...dans le livre à paraître dans l'été )

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